13 février 2006




OPA de MITTAL sur ARCELOR : oui à une directive européenne

(réponse à un article de Michel Rocard paru dans Libération du 7 février 2006)

"Monsieur le Premier Ministre,

J’ai lu avec un très grand intérêt votre article dans le « Libération » du 7 février concernant l’OPA de Mittal sur Arcelor.

J’ai particulièrement apprécié l’analyse claire et logique qui vous pousse à demander une loi interdisant toute OPA à des groupes majoritairement extra communautaires.

Vous avez en effet raison de constater que depuis 30 ans, dans l’ensemble des pays développés (y compris les USA !) existe un tassement de la croissance, qui n’est plus que la moitié de celle que nous avons connue durant les « Trente Glorieuses ».

Vous avez raison également de faire remarquer que la part des salaires dans la valeur ajoutée a fortement régressé, que les inégalités et la précarité se sont accrues, tandis qu’environ 1/5ème de la population est atteinte par des formes plus ou moins déguisées de chômage.

Vous avez encore raison lorsque vous faites remarquer que désormais l’actionnaire exige des rendements tels que seule une rationalisation à outrance ou une délocalisation peuvent les assouvir.

Ces constats sont connus - en tous cas par ceux qui ont le courage d’y voir clair - mais il manque à votre raisonnement l’essentiel à mon sens, c’est-à-dire la cause de tous ces phénomènes.

Que je sache, la voracité du capitalisme financier a toujours existé et ne s’est pas éteinte durant les « Trente Glorieuses » comme par enchantement.

Il faut donc analyser et trouver ce qui a changé entre ces deux périodes pour que les paramètres économiques s’inversent à ce point.

La seule réponse plausible est l’ouverture continue des marchés des pays riches depuis 1974 à la concurrence des pays à bas salaires.

Le mécanisme qui a conduit à un ralentissement puis à une quasi-stagnation de la croissance est celui d’un tassement de la demande, dont l’origine est à chercher dans la stagnation (voire la régression) des salaires européens ou américains sous la pression des bas salaires de leurs concurrents des pays émergents.

Il ne faut pas oublier que les marchés intérieurs de chacune des trois grandes zones développées représentent de 75 à 80 % de la demande globale totale. Or les marchés intérieurs sont avant tout tirés par la consommation des ménages, c’est-à-dire les salaires.

Lorsqu’un ouvrier d’une usine française voit ses augmentations de salaires diminuer au fil des décennies, il est bien évident qu’il ne pourra plus participer à la croissance du marché intérieur français comme ses prédécesseurs l’ont fait durant les années 60 avec des augmentations salariales qui atteignaient jusqu’à 5 % par an.

Lorsqu’il sera au chômage il le pourra encore moins, et il y a fort à parier qu’il ne pourra même plus acheter les produits en provenance des pays émergents dont le prix de vente sera, il est vrai, moins coûteux.

Etant donné que des rendements de 15 % sont possibles lorsque l’on produit dans des pays où n’existent aucun droit social, ni respect de l’environnement, ni respect des parités monétaires, le capital mondial tend alors, par le biais d’OPA à accélérer partout où il le peut, le processus de rationalisation et de délocalisation.

Ce processus mortifère a déjà été expérimenté lors de la grande crise de 1870, crise qui a eu lieu suite à la libéralisation des échanges provoquées par l’Angleterre.

D’ailleurs à cette époque, la Grande-Bretagne, restée fidèle au libre-échange (comme les USA aujourd’hui), s’est laissée distancer par d’autres puissances c'est-à-dire l’Allemagne puis l’Amérique.

C’est exactement ce qui est en train de se passer aujourd’hui où nous voyons sous nos yeux naïfs émerger deux puissances mondiales, la Chine et l’Inde, qui se nourrissent de notre faiblesse.

Il est illusoire de croire que nous pourrions nous échapper par le haut de cette situation grâce à des produits ou des services « intelligents » et à haute valeur ajoutée, alors qu’on sait pertinemment qu’il y a déjà plus d’informaticiens à Bengalore que dans la Silicon Valley et que la Chine envoie des hommes dans l’espace, ce que n’a toujours pas fait l’Union Européenne.

C’est pourquoi Monsieur le Premier Ministre, si je ne désapprouve pas votre projet directive anti-OPA, j’estime primordial le rétablissement de la Préférence Communautaire que nous avons abandonnée stupidement, pan par pan, depuis 1974."

Pour lire l'article :











CLUB LES EUROPEENS

CREATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL
SUR LA MONDIALISATION AU SEIN DU CLUB "LES EUROPEENS ".

Ce club, réservé aux parlementaires, a neanmoins besoin de vos remarques sur la mondialisation.
C'est pourquoi nous publierons sur ce blog les fiches de travail destinées aux parlementaires.




« LES EUROPEENS »

Création d’un nouveau groupe de travail



Nous vous informons qu’un nouveau groupe de travail a été créé au sein du Club « Les Européens » à l’initiative de M. Jean-Paul VIRAPOULLE, Sénateur de la Réunion.

Ce groupe de travail portera sur « Les politiques économiques européennes face à la mondialisation » et aura pour objectif de procéder à une analyse impartiale des politiques de libre-échange menées par l’Union Européenne et de leurs effets positifs ou négatifs sur la croissance économique de l’Union.

Pour adhérer à ce nouveau groupe de travail, il vous suffit de remplir le coupon-réponse ci-dessous et l’adresser au bureau du Sénateur VIRAPOULLE.



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COUPON REPONSE

à renvoyer à Monsieur le Sénateur Jean-Paul VIRAPOULLE



- Par fax au 01 42 34 42 83
- Par mèl :
jp.virapoulle@senat.fr
- Sur son blog dédié au Commerce Loyal : http://preference-europeenne.blogspot.com/




Monsieur, Madame …………………………………………………………

Député/Sénateur de …………………………………………………………


Souhaite participer au groupe de travail sur « Les politiques économiques européennes face à la mondialisation » :


OUI


NON